L’Arménie

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    L’Arménie est aujourd’hui un petit pays (environ 20 fois plus petit que la France) qui compte un peu plus de 3 millions d’habitants. Située dans la région du Caucase, l’Arménie est limitrophe de la Turquie, la Géorgie, l'Azerbaïdjan et de l’Iran. Sa situation géographique stratégique entre l’Europe et l’Asie, au carrefour de voies de commerce et d’invasions, a fait de l’Arménie le champ de bataille perpétuel des grands empires d’Orient et d’Occident. Périodiquement soumise, détruite, partagée, l’Arménie a une histoire très chaotique.

 

A lire pour en savoir plus sur l’Arménie             


  1. L’Aménie à l’épreuve des siècles, A. et J-P Mahé, Ed. Gallimard, Découvertes Gallimard, 2005.


  1. L’Arménie, C. Mouradian, Ed. PUF, Que sais-je ?, 2002.


  1. site NetArménie


  1. site Loin de l’Ararat...

    Quelques dates importantes de l’histoire de l’Arménie :


  1. IIème siècle (301 ou 313) : l’Arménie devient le premier Etat à adopter le christianisme comme religion officielle.

  2. IIème siècle (387) : dislocation de la Grande Arménie (fondée au Ier avant JC par  Tigrane II le Grand) qui passe sous domination perse.

  3. Vème siècle (vers 405) : le moine Machtotz compose un alphabet de 36 lettres reproduisant tous les sons de la langue arménienne. Cette nouvelle écriture va permettre de produire une littérature et une historiographie nationales, garantes de l’identité et de la mémoire arméniennes.

  4. 628 : reconquête de l'Arménie par l'empereur byzantin Héraclius

  5. vers 640 : début des incursions arabes.

  6. 1045-1071 : l'Arménie passe sous le joug byzantin.

  7. 1071 : victoire des Turcs sur Byzance (bataille de Manazkert). Exode massif des Arméniens vers les territoires byzantins.

  8. 1453 : prise de Constantinople par les Turcs. L'Arménie est partagée entre la Perse et l'Empire Ottoman.

  9. 1585-1590 : 60 000 habitants d’Erevan et 40 000 de Nakhidjevan sont déportés par les Ottomans.

  10. 1604 : déportation par le Chah Abbas Ier de centaines de milliers d’Arméniens en Perse

  11. 1828 : la Perse cède à la Russie toute l'Arménie orientale par le traité de Türkmençay.

  12. 1894-1896 : massacre des populations arméniennes de Turquie, environ 300 000 morts. Nouvel exode.

  13. 1908 : le mouvement Jeune-Turc prend le pouvoir.

  14. 1915-1916 : génocide des Arméniens en Arménie turque.

  15. 1918-1920 : constitution d'une République d'Arménie, formellement indépendante (traité de Sèvres).

  16. 1922-1926 : arrivée en France de près de 60 000 Arméniens rescapés du génocide de 1915.

  17. 1936 : l’Arménie obtient le statut de République socialiste soviétique.

  18. 1947 : départ de milliers d’Arméniens français vers l’Arménie soviétique (cf. la scène des retrouvailles dans le film Nous).

  19. 1988 : un séisme ravage le nord du pays faisant 25 000 morts et 500 000 sinistrés.

  20. 1991 : par référendum, l’Arménie proclame son indépendance.

  21. 1992 : admission de la République d'Arménie à l'ONU.

  22. 2001 : Reconnaissance du Génocide arménien par le parlement Français.


Sources : L’Arménie à l’épreuve des siècles, A. et J-P Mahé, Gallimard, 2005 / L’Arménie, C. Mouradian, PUF, 2002.

LE GENOCIDE DE 1915


  La guerre de 1914 va servir de prétexte  au massacre des Arméniens par les Turcs.

  Lorsque la guerre éclate, les Arméniens vivent répartis dans deux pays belligérants, la Russie, et l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne. Les dirigeants arméniens conviennent, à l’issue d’un débat secret, de servir loyalement les Etats dont ils dépendent.Toutefois, dès le mois de décembre 1914, on dénonce la présence de volontaires arméniens au côté des Russes, et les soldats turcs excitent la population musulmane à toutes sortes de violence contre les populations civiles arméniennes. Un mois plus tard, les autorités ordonnent le désarmement de tous les soldats et gendarmes arméniens de l’armée turque et leur affectation à des «bataillons de travail». Beaucoup de ces Arméniens sont alors conduits à l’écart et exécutés par groupe de cinquante ou cent. Le plan d’extermination entre dans la première phase de sa réalisation. Le plan mis en œvre était le suivant. Après le désarmement et la liquidation progressive des Arméniens incorporés dans l’armée turque, on somme les populations civiles de rendre leurs armes. Notables, prêtres, intellectuels et chef politiques sont arrêtés et supprimés. On passe ensuite à la phase finale de l’opération : une déportation générale, sous couvert d’éloigner les Arméniens du théâtre des opérations militaires. Région par région, les populations des bourgs et des villages, puis de villes entières, reçoivent l’ordre de partir, à pied le plus souvent, avec un minimum de bagages, en longs convois qui se rendent, par des chemins détournés à travers la Turquie, vers le lieu théoriquement prévu pour leur exil, en Syrie ou en Mésopotamie. Les habitants de certaines régions occidentales font les premiers kilomètres en chemin de fer, puis continuent à pied. Peu de déportés parviennent à destination. Le voyage lui-même et la sous alimentation suffisent à éliminer les plus faibles. D’autres sont tués par les gendarmes qui les convoient. On prévoit de parquer les survivants dans des camps établis dans des lieux désertiques, qu’on déplacera sans cesse. En de rares endroits, les Turcs ne peuvent agir tout à fait à leur guise. Constantinople, où vivent 300 000 Arméniens reste trop exposée aux regards étrangers. C’est pourquoi le gouvernement, ayant arrêté les intellectuels dans la nuit du 24 avril 1915, renonce à déporter le gros de la population arménienne qui s’y trouve.

  Les archives administratives de l’époque ne permettent pas d’établir avec précision le nombre de victimes - 800 000 selon les sources turques, jusqu’à 1 500 000 selon les Arméniens. Cependant, les récits des survivants (600 000 à 800 000 personnes) laissent peu de doutes sur le déroulement des faits, et la plupart des témoins étrangers décrivent une entreprise visant à «l’extermination de la race arménienne». Bien que le crime de génocide n’ait été défini qu’après la Seconde Guerre mondiale, par la convention de l‘ONU du 9 décembre 1948, le terme s’applique aujourd’hui légalement aux massacres et à la déportation des Arméniens de Turquie en 1915-1916.

Annie et Jean-Pierre Mahé, L’Arménie à l’épreuve des siècles, pp. 97 à 103.