Le Mont Ararat

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    Le dernier plan du film Nous est un plan sur le mont Ararat, que semblent, par le montage, regarder les habitants d’un immeuble, réunis sur des balcons. Ce plan est capital, mais peut-être faut-il quand on n’est pas arménien, interroger d’autres cinéastes pour en comprendre l’importance.

QUELQUES PRECISIONS SUR LE MONT ARARAT :


L’Ararat se trouve aujourd’hui en Turquie, mais il est pratiquement visible de toute la région du sud-ouest de l’Arménie. Le lien entre les Arméniens et l’Ararat est plus qu’une histoire de géographie. Dans la Genèse (8,4), l’Ararat est désigné comme le lieu où s’échoua l’arche de Noé : « le 7ème mois, le 17ème jour du mois, l’arche se posa sur le mont Ararat ». Les Arméniens voient dans leur pays, situé au pied de l’Ararat biblique, le lieu de naissance de la nouvelle humanité qui a peuplé la terre, après la grande catastrophe du Déluge.

L’Ararat est le plus haut sommet de la région arménienne ; il culmine à plus de 5000 m, ses sommets sont enneigés toute l’année et, jusqu’au XIXème siècle, il semblait protéger le territoire arménien. Depuis 1918, l’Ararat est en Turquie, une Turquie qui n’a pas encore reconnu le génocide des Arméniens en 1915.

Il est alors compréhensible que les Arméniens, attachés depuis toujours à leur montagne, qui est devenue le symbole de leur pays, la regardent aujourd’hui avec amertume, et rêvent de la « récupérer ».

    Dans leur documentaire, Sans retour possible (1983), Jacques Kebadian et Serge Avedikian, ont recueilli des témoignages d’Arméniens rescapés du génocide.



Témoignage d'une vieille arménienne vivant à Marseille :

« Je me sentais bien en Arménie, mais j’ai vu le mont Ararat aux mains des Turcs, et ça m’a révoltée. J’ai crié : "Frères, vendons nos chemises pour récupérer l’Ararat". Ils dirent : "Chère sœur, il faudrait verser du sang". Je me suis tue car c’est une chose horrible. Je voudrais que justice soit faite, que notre Mont Ararat nous revienne avant que je meure. »