Les Habitants
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Nous et Les Habitants
Les Habitants
De même que Pelechian monte régulièrement, dans un film, ou même de film en film, des images d’explosion ou de reconstruction, il monte aussi des images de fuite.
COLONNE HUMAINE
Dans Nous, se trouve une scène de pèlerinage : de nombreux Arméniens se rendent dans une chapelle. Bien que ce ne soient pas des images de fuite, les images de cette séquence leur sont assimilables : cette longue colonne qui se déplace, rappelle les images des exils forcés et des déportations de 1915, une longue colonne humaine marchant à travers le paysage désertique. Cette image hante la mémoire arménienne, et Henri Verneuil, dans son film Mayrig (1992), retrouve une image semblable quand il fait raconter à un survivant la déportation lors du génocide.
Nous
Mayrig
IMAGES - SYMPTÔMES
Toutes ces images de fuite, de cortèges, d'envols, d'exodes seraient des images-symptômes, liées à une scène traumatique originelle qui ressurgit à chaque film : le génocide arménien. Il y a dans le cinéma de Pelechian un côté cathartique.
GEORGES DIDI-HUBERMAN consacre un chapitre de son ouvrage L’image survivante – Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warbourg (Editions de Minuit, 2002) à « l’image-symptôme », image qui fait ressurgir « des temps enfouis juste sous nos pas [...] en faisant trébucher le cours de notre histoire » (p. 339). La réflexion de Georges Didi-Huberman est bâtie autour du concept de « survivance », concept qui suppose qu’aucune image n’est vierge, et que « le présent est tissé de passés multiples » (p. 55). Mais les formes passées qui font retour dans les œuvres présentes le font de manière plus ou moins travestie.
Le temps, la mémoire, la mémoire douloureuse sont au cœur de la création arménienne. Avec Nous, le travail sur la mémoire est visible et semble d’autant plus important qu’il tend à sauvegarder des événements pas encore totalement reconnus.