Motif du rassemblement

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DEUX SEQUENCES DE RASSEMBLEMENT

    La scène d’ouverture de Nous est une scène de grand rassemblement : de grandes funérailles regroupent une foule très nombreuse et très compacte. Pelechian ne donne aucune indication, mais l'on sait qu'il s'agit de l'enterrement « d’un acteur, H. Ter-Nersessian devenu figure nationale » - Marc Nichanian - L’éboulis et le soleil, sur trois courts-métrages d’A. Pelechian - Armenia, juin 1984. Cette information est donnée par Marc Nichanian, et mais n’est pas mentionnée par Pelechian, que ce soit dans le film ou dans une publication.


    La troisième partie du film, consacrée au rapatriement d’Arméniens, est aussi constituée d’une scène de rassemblement : une séquence de retrouvailles ; il s'agit du retour à Erevan d'Arméniens de la diaspora. En 1947, après sa victoire lors de la Seconde Guerre Mondiale, l’URSS, dirigée par Staline, demande aux Arméniens exilés de regagner la mère-patrie. Entre 1946 et 1948, 100 000 Arméniens prendront le chemin d’Erevan, d'autres reviendront plus tard. Lors de la séquence de retrouvailles que monte Pelechian, des familles se retrouvent après de très longues années de séparation. Il paraît très probable que ce soit une scène tournée, mise en scène par le cinéaste lui-même, à la fin des années 1960, au moment de la réalisation du film, et non trouvée dans des archives.

et notamment dans le film Nous :

Au début

Les saisons

Notre siècle

Grandes funérailles

Pèlerinage

Retrouvailles

Séquence des grandes funérailles

Séquence des retrouvailles

DEUX MISES EN IMAGES

    La mise en images de ces retrouvailles est différente de celle des funérailles. Pour les retrouvailles, la caméra est in medias res, au cœur des embrassades et sans cesse en mouvement, passant d’une famille à une autre, sans arrêt. Dans la scène des funérailles, la caméra était fixe et se tenait à une grande distance et en hauteur, pour filmer non pas des individualités, mais un groupe, un peuple. Lorsque le cadre se resserrait, les gros plans se faisaient sur des mains qui portaient collectivement un cercueil. Lors de la séquence des retrouvailles, la caméra de Pelechian semble se laisser submerger par l’émotion, la joie de retrouver ses proches, elle perd sa retenue habituelle, sa rigueur : elle est notamment emportée par un mouvement circulaire rapide, un vertige étourdissant, qui témoigne du caractère extraordinaire de ce moment.

    Cependant, après quelques secondes de ce bonheur tourbillonnant, la fin de la séquence subit un montage parallèle avec des images d’explosion. Pessimiste, Pelechian veut - il signifier que le bonheur des Arméniens est toujours précaire ?

« cette émotion, que nous pouvions croire propre aux Arméniens de la dispersion, existerait donc aussi là-bas. Dans le rassemblement : la réaffirmation tragique de soi, la victoire sur la mort ». Marc Nichanian - L’éboulis et le soleil, sur trois courts-métrages d’A. Pelechian - Armenia, juin 1984.

Les plans de rassemblements, de foule sont récurrents dans le cinéma de Pelechian,

    Marc Nichanian, professeur de langue et littérature arméniennes à Columbia University (New York), explique que l’idée du rassemblement, ainsi que la met en images Pelechian dans Nous, provoque une émotion particulière chez les Arméniens :