Le montage au premier plan

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L’ESSENCE DU CINEMA, C’EST LE MONTAGE

   C'est l’importance accordée au montage qui rapproche le plus Pelechian de ses prédécesseurs soviétiques. Les jeunes cinéastes soviétiques, reprenant et théorisant les inventions de l’américain D. W. GriffithD. W. GRIFFITH (1875-1948):

cinéaste américain qui fit du montage
un élément fondamental de la dramaturgie
cinématographique, avec, notamment,
un usage particulier du montage parallèle
et du montage alterné,
et l’emploi du gros plan.
Ses films-phares sont :
Naissance d’une nation (1915)
et Intolérance (1916).
, ont affirmé dans les années 1920, le primat du montage.

« L'important n'est pas tant le contenu de chaque fragment que la façon dont ils s'enchaînent. […] L'essence du cinéma doit être recherchée non pas dans les limites du fragment filmé, mais dans l'enchaînement de ces mêmes fragments. […] L'essence du cinéma, c'est le montage. »

Lev KoulechovL. KOULECHOV (1899-1970):

cinéaste soviétique, fondateur du premier
enseignement de réalisation cinématographique,
en 1920, à Moscou. A l’«atelier» du GIK
(devenu VGIK), Koulechov réalise de fameuses
expériences sur l’expressivité que confère,
à un visage maintenu neutre, le jeu du montage
(«effet Koulechov»).
, La bannière du cinématographe, 1920, in L’Art du cinéma, Editions L’Age d’homme, 1994.

« Le montage est la force créatrice fondamentale par laquelle les photographies sans âme (les plans séparés) sont organisés en une forme cinématographique et vivante.»


 

UN CINEMA PUR

    Il y a chez Dziga VertovDZIGA VERTOV (1896-1954) :

cinéaste soviétique, refusant toute collusion
du cinéma avec la fiction. Absolument convaincu
par la révolution soviétique, Vertov propose de
repenser le cinéma comme «ciné-déchiffrement du monde».
Le cinéma, outil de compréhension et d’analyse,
est donc un outil de monstration. Vertov décrit
la caméra comme un super-œil, et invente les notions
de «Kinoglaz» (ciné-œil), comprise comme combinaison
de la caméra-œil et du cerveau. En 1929, il réalise
le film-manifeste L’Homme à la caméra.
comme chez Pelechian la même volonté de faire un cinéma pur. Vertov l'annonce en ouverture de L'homme à la caméra : il livre une œuvre expérimentale « visant à créer un langage cinématographique absolu et universel, libéré du langage théâtral et littéraire ». Il veut créer un mode d'expression purement cinématographique. C'est aussi ce que dit Pelechian : « J'essaie de faire un cinéma pur qui ne doive rien aux autres arts » - Conversation Pelechian/Godard, Le Monde, 02.04.1992 - et pour cela, Pelechian, comme Vertov, va se passer des acteurs, du commentaire, de la voix et il va mettre au premier plan le montage.

Des ouvrages sur Le Montage (théorie et histoire) :


  1. Le Montage, l’espace et le temps du film, V. Pinel, Ed. Cahiers du Cinéma, Les petits Cahiers, CNDP, 2001.


  1. L’art du film, une introduction, (chapitre 6 : D’un plan à l’autre, le montage), D. Bordwell, K. Thompson, Ed. De Boeck, 2009.


  1. Esthétique du film, (chapitre 2 : Le montage), J. Aumont, A. Bergala, M. Marie, M. Vernet, Ed. A. Collin, 3ème édition, 2008.

Source des notices des cinéastes: Dictionnaire théorique et critique du cinéma, 2ème édition, J. Aumont et M. Marie, Ed. A. Colin, 2008 / article sur D.W. Griffith de M. Rodriguez in Les conceptions du montage, CinémAction,Ed. Corlet-Télérama, 1994 / Le Montage, l’espace et le temps du film, V. Pinel, Ed. Cahiers du Cinéma, 2001.